Suite à l’article du Figaro paru le 3 mars 2006 annonçant la disparition des moteurs, une mission composée de Manuel DAUNAR, Rose-Marie PELICAN et Louis-Philippe SUTTY - administrateurs de l’AVCA- s’est rendue au Vénézuéla.
Qu’en est-il des moteurs ?
Nous avons pu savoir qu’ils ont été déplacés dès début décembre et transportés par voie terrestre vers Maracaïbo où ils sont encore.
Nous avons reçu l’assurance qu’ils seront acheminés vers le Centre d’essai des propulseurs de Saclay en région parisienne.
Qu’en est-il du site ?
Le lieu de l’accident étant complètement asséché, nous y avons trouvé des éléments qui nous ont conduits à solliciter des autorités locales un complément d’investigation..
Interpellé sur cette affaire, le Consul Général de France au Vénézuéla nous a donné la garantie que le nécessaire serait fait dès le lendemain.
Qu’en est-il du lieu de mémoire ?
La zone du crash étant inondable, en accord avec le propriétaire de l’hacienda et les autorités locales, nous nous sommes rendus non loin de là dans un lieu qui nous semble plus propice à l’édification du mémorial.
Des contacts ont d’ores et déjà été pris pour l’organisation du voyage de commémoration prévu en juillet prochain
Détails de la mission :
Le 11 mars 2006 :
Rencontre avec Thierry MOULINS consul Général de France au Vénézuéla
A notre arrivée à l’aéroport de Maiquetia, nous entrons en contact avec M. Moulins qui accepte de nous recevoir chez lui le soir même.
Selon M. Moulins,dès le départ, la France avait demandé que les moteurs soient mis à l’abri des vols et des intempéries mais cela n’a pas été fait à ce moment-là vraisemblablement en raison des pluies incessantes. D’après lui, l’oprération aurait été réalisée à la mi-janvier à l’insu de la France.
Le conflit entre les ministères de la Justice et de l’Infrastructure semble être réglé au profit de la France
Concernant les ossements trouvés lors de l’enlèvement des moteurs, d’après ses dires, aucune demande d’analyse n’aurait été faite.
Il nous apprend également qu’après le départ des corps il restait 200 kgs de « parties molles » qui n’avaient pas pu être analysées. Elles auraient été incinérées juste la semaine dernière et placées dans le jardin-cimetière près de la stèle.
M. Moulins prend ensuite l’attache du Consul Honoraire de Maracaibo Mme Cristina HOMEZ pour lui annoncer notre venue..
Le 12 mars 2006
A notre arrivée à l’aéroport de Maracaibo à 9h 15, nous sommes attendus par Cristina à qui nous expliquons l’objet de notre visite. Elle n’a pas la moindre idée de l’endroit où sont les moteurs. Elle nous conduit à son domicile afin de téléphoner aux personnalités susceptibles de répondre à nos interrogations . Nous profitons alors pour visionner quelques photos de la visite des familles à Maracaibo au mois d’août dernier et Cristina nous montre la copie de l’épais dossier qu’elle a remis à l’ambassade de France au Vénézuéla. Il comporte toutes les coupures de journaux d’août à décembre 2005. Elle nous suggère alors d’en demander copie par le biais de Thierry Moulins.
Le Maire de Machiques promet de passer à notre hôtel dans la matinée et le Procureur n’est pas joignable avant lundi.
Nous sommes donc conduits à notre hôtel et nous séparons de Cristina qui doit se mettre au service de la délégation officielle qui arrive l’après-midi.
Nous attendons donc le Maire de Machiques et tentons vainement de le joindre au téléphone. Comme il n’arrive pas et que c’est dimanche après-midi, nous décidons de nous rendre par nos propres moyens au jardin-cimetière de la Chinita où la stèle en hommage aux victimes est érigée.
Sur place, nous constatons effectivement qu’une plaque a été placée très récemment (terre fraîchement retournée) en face de la stèle et c’est là qu’on aurait entreposé l’urne comme nous l’avaient indiqué Thierry et Cristina.
De retour à l’hôtel, aux environs de 19 h, nous étions en quête du numéro de M. MARTINEZ , propriétaire de ranch de Machiques quand le Maire est finalement apparu.
Après les civilités d’usage, il nous fait remarquer qu’il n’avait pas été informé de notre arrivée ce qui le gêne quelque peu par rapport à l’aide qu’il pourrait nous apporter, d’autant que mardi matin il doit se rendre à Caracas.
Concernant les moteurs, il déclare ne pas savoir où ils sont. Il appelle ses contacts qui n’en savent pas davantage. Il promet de nous mettre en relation avec le Procureur dès le lendemain .
Nous l’informons de notre projet de voyage de commémoration prévu le 16 juillet 2006. Il nous donne son adhésion et s’engage à s’y associer avec le concours du consulat de France à Maracaibo.
Le 16 juillet étant à Machiques la fête de la vierge du Carmel, nous devrons nous y pendre à l’avance et avoir bouclé le projet au plus tard le 15 juin.
Si nous le souhaitons, il pourra faire dire la messe sur le site même et affirme que d’ici-là le monument en hommage aux victimes sera construit.
A la question de savoir pourquoi nous n’avons pas retenu la date du 16 août, nous l’informons de notre souhait d’organiser la commémoration en Martinique à cette date. Il formule alors le vœu d’être à nos côtés en Martinique en compagnie du Gouverneur de l’état de Zulia et nous convie à partager son petit déjeuner le lendemain.
Le 13 mars 2006
Nous rencontrons le Maire de Machiques à son domicile de Maracaibo.
Il nous relate l’émotion qui a régné à Machiques après la tragédie du 16 août et nous fait part de son désir de se mettre entièrement à la disposition des familles.
Filadelfia Martinez, le propriétaire de l’Hacienda accepte de nous renconter mardi matin et le Prcureur devrait prendre contact avec nous dans la matinée.. Le maire propose de nous envoyer son chauffeur à 6h mardi matin ; Machiques étant à 2h de Maracaibo.
De retour à l’hôtel après de longues heures d’attente, nous décidons de contacter la direction du quotidien « Panorama » afin de savoir s’il dispose d’informations.
Vers 15h30, une journaliste nous rejoint, accompagné d’un photographe. Nous lui expliquons l’objet de notre mission et répondons à ses questions. Sur ce, elle se propose de nous aider en appelant ses contacts. Résultat : ses interlocuteurs ne savent pas davantage où sont les moteurs.
Poursuivant notre entretien, elle se souvient avoir lu un article sur le sujet. Elle nous invite alors à l’accompagner au siège du journal. Là étant, le chef de la rédaction confirme ses dires et des recherches sont effectuées par une équipe d’environ 6 personnes.
Finalement, nous obtenons copie des articles du 21 décembre, du 31 décembre 2005 et du 5 mars 2006.
En fin de journée, suite à nos investigations sur le terrain, nous obtenons confirmation de la présence effective des moteurs dans un lieu sécurisé sur la base militaire de l’Aéroport de Maracaibo.
Le 14 mars 2006 :
A 7h, comme convenu, l’équipe de M. Alfonso Marques, Maire de Machiques,
(sa secrétaire Antonia, son chauffeur et ses 2 gardes du corps ) sont au rendez-vous pour nous conduire à Machiques, ville située à 2h de route de Maracaibo.
A Machiques, nous sommes rejoints par le Commandant des Pompiers Emilio FUENMAYOR, par le propriétaire de l’hacienda, Filadelfia MARTINEZ dit Filucho et son fils ainsi par une équipe municipale comprenant l’architecte de la ville. Nous sommes environ 15 et nous arrivons sur le lieu de la catastrophe après une heure de route.
Après avoir franchi plusieurs barrières, nous découvrons le site proprement dit, une zone relativement plane qui s’étend sur au moins 2 hectares.
C’est une sorte de savane aride avec une végétation clairsemée. Quelques arbres gardent encore des traces d’incendie.
Le sol est encore jonché de débris divers ( morceaux de carlingue, gilets de sauvetage, masque à oxygène, chaussures etc…)
Le Commandant des pompiers qui était là dès les premiers instants du drame nous donne des précisions sur la position des diverses parties de l’avion ( queue, turbines, roues, fuselage…) Il précise également la partie qui a brûlé.
Il nous montre des ossements et nous en découvrons d’autres au fil de notre inspection. Au total, 28 fragments ( os du crâne , fémur, vertèbres …) disséminés sur le site vont être rassemblés. Ils sont tous entreposés dans un sac et laissés sur place pour les besoins de la procédure d’identification.
Concernant l’éditication de la stèle, Filucho nous fait observer qu’il n’est pas possible de la construire dans cette zone qui est inondée jusqu’à un mètre de hauteur pendant l’hivernage. De ce fait, il nous conduit non loin de là dans une clairière surélevée plus propice à la réalisation du projet.
De retour à Machiques, suite à notre demande, nous avons un entretien avec le Consul de Colombie, le Dr Hernando Jose ARIZA FACHOLA qui veut bien répondre à nos questions. L’entretien dure une heure. Il nous indique que seule l’Aviation Civile Colombienne peut dire si la West respectait ou non les règles de sécurité.
Nous lui faisons part de notre projet pour le 16 juillet et il veut aussi s’y associer. Il demandera à son Gouvernement de co-financer l’édification de la stèle et il veut se rendre en Martinique le 16 août. Il participera à l’organisation matérielle du séjour à Machiques.
Ensuite, l’architecte de la ville nous demande comment nous voyons la stèle. Comme nous n’avons pas d’idée précise, elle nous soumet une ébauche d’aménagement du lieu de mémoire.
Nous retenons que la municipalité est attentive à nos propositions, nous convenons donc de lui transmettre par courriel le résultat des travaux de l’association.
En cours d’après-midi, nous avons été rejoints par une journaliste de « LA VERDAD » à qui nous accordons une interview.
L’équipe du Maire nous ramène alors à Maracaibo.
Nous appelons le Consul honoraire de France à Machiques, le Consul Général de France au Vénézuéla et l’information est ensuite transmise au Procureur de Maracaibo afin que toutes les diligences soient entreprises pour qu’une équipe retourne sur le lieu du crash et fasse de nouvelles investigations.
Le 15 mars 2006 :
A 6 heures du matin, nous quittons l’hôtel. Arrivés à Caracas, nous appelons le Maire pour le remercier de son accueil et nous appelons une nouvelle fois le Consul Général qui nous indique que le matin même, une équipe devrait se rendre sur le site pour des travaux complémentaires.
A 14h35, à notre arrivée à l’aéroport du Lamentin, sur le tarmac, notre attention est retenue par un avion sur lequel on peut lire « COLUMBIA » SUR AMERICA. Nous apprenons qu’il a été immobilisé depuis une semaine et que des autorités américaines procéderaient en ce moment à des contrôles sur certains avions !!!